Montrer son amour VS la montagne de cadeaux

Montrer et transmettre son amour

L’amour est une valeur fondamentale que tout parent veut transmettre à ses enfants. C’est assez universel pour ne pas être remis en cause ! Toute la question est sur le « comment » ! (Et oui on est la veille de la St Valentin et moi j’ai envie de parler d’amour parental… tout est normal ! ^^)

Que donner ? Comment mettre du sens dans leur vie ? C’est ce qu’aborde la dernière partie du livre de Valérie Halfon, « Tout le monde en a un sauf moi ». J’en avais déjà parlé ici… 

Elle y parle du rapport à l’argent, aux biens et au temps. Je vous livre quelques extraits…

« Les marketeurs travaillant pour les entreprises de l’agroalimentaire, du vêtement et de la beauté, du numérique et du divertissement entraînent les enfants et les adolescents vers une vie centrée sur les plaisirs immédiats et les incitent à accumuler tout ce qui est cool et fun. Alors que ce sont les activités les plus simples qui constituent la base de leur développement et un gage de bonheur. »

[…] 

« De nombreux parents gâtent leurs enfants de peur qu’ils ne s’ennuient ou ne soient tristes. Quand ils s’ennuient, on soit leur fournir de quoi les occuper et quand il sont tristes de quoi les égayer. C’est pourquoi tant de parents se transforment en GO professionnels, dispensant à leurs enfants pléthores d’activités. […] Ainsi ces parents ont l’impression de faillir à leur rôle si leur enfant n’est pas constamment de bonne humeur, baignant dans un bonheur béat digne d’une superproduction Disney. Mais la vie n’est pas un film feel good et il est important d’accepter que l’ennui et même la souffrance fassent partie intégrante de notre expérience. Ainsi en surmontant ces petites frustrations, nos enfants vont se dépasser et grandir. »

Elle fait donc l’apologie du manque… ! Assez étonnant de prime abord et en même temps, tellement essentiel ! Ne serait-ce que pour leur laisser développer leur imagination !

« Si on veut réenchanter l’enfance, on devrait arrêter de gâter les enfants. Car les conséquences de l’adoption d’un mode de vie plus simple sont quasiment toujours positives : des enfants qui ne s’attendent pas à ce qu’on leur offre la lune sont heureux de tout ce qu’ils reçoivent. Et habitués à ressentir de la gratitude et de l’empathie, ils sont bien plus heureux.« 

Témoignage d’une licorne

Peu de temps après avoir fini ce livre (qui m’a vraiment beaucoup touché), j’ai lu ce témoignage d’une licorne (cf le groupe Gestion Budgétaire Entraide et Minimalisme). J’ai eu envie de le partager car il résonne.

Je vous préviens tout de suite, cela va être un peu long mais hyper intéressant !!!!

« […] Vous dites avoir peur que vos enfants manquent de quelque chose et cela à cause d’une enfance compliquée. J’avais envie de partager avec vous mon témoignage.

J’ai eu, moi aussi, une maman qui a eu peur que je manque de quelque chose. Elle a beaucoup culpabilisé de son divorce alors que j’étais toute petite tout ça renforcé par le fait qu’elle avait perdu son papa durant sa petite enfance.

J’ai toujours été gâtée, si je voulais quelque chose je l’avais. Parfois, elle n’attendait pas que je demande quelque chose. Il suffisait que je porte un intérêt pour quelque chose et elle me l’offrait. Les placards étaient toujours fournis et beaucoup de choses finissaient à la poubelle car nous n’avions pas le temps de tout consommer. Lorsque j’exprimais un intérêt pour un loisir : astronomie, peinture, calligraphie, archéologie, je me retrouvais soudainement avec pour cadeau plein de matériel et d’ouvrages sur le sujet. Cependant, le fait que je ne puisse jamais laisser éclore mes désirs et faire les démarches, moi-même, pour les voir se réaliser les a tous tuer dans l’oeuf.Tous sans exception. Les seules activités dans lesquelles j’ai pu m’épanouir étant jeune ont été des activités qui effrayaient ma mère : l’équitation et le snowboard. Car ça, elle ne pouvait pas le faire à ma place, c’était à moi d’aller le chercher. Les années ont passé et ça a commencé à beaucoup me peser, mais ce n’est que lorsque je suis partie de la maison que j’ai pu identifier ce qui n’allait pas. Soudain, j’ai réalisé que ce n’était pas logique d’avoir quelque chose avant même d’en avoir besoin. C’était le monde à l’envers et ça m’angoissait beaucoup. J’ai dû refaire toute seule mon éducation en matière de consommation. Apprendre à désirer, apprendre à peser le pour et le contre d’un achat, apprendre à d’abord faire avec ce que j’ai, apprendre à faire les choses moi-même si je peux, redonner de la valeur aux choses, aux aliments.

Aujourd’hui, j’ai 30 ans et lorsque ma maman vient me rendre visite, elle est toujours surprise de mon mode de vie minimaliste, décroissant, éthique. Elle a longtemps cru que c’était la crise d’ado qui me faisait dire que je ne me sentais pas bien avec toutes ces choses. En découvrant mon mode de vie de jeune femme autonome, elle a été obligée d’admettre que lorsque j’exprimais un mal être face à la surabondance c’était peut-être fondé. Je suis encore en train de faire le deuil de toutes ces choses qui m’ont un jour intéressées mais que je n’ai jamais pu explorer car j’étais littéralement submergée de choses à un moment où elles n’étaient pas nécessaires, me laissant toujours avec une sensation d’écoeurement. Je ne sais pas si un jour je serai capable de développer une réelle passion pour quoi que ce soit. Malgré tout, jamais je ne pourrais en vouloir à ma mère de m’avoir trop aimée. Toutefois, je trouve dommage qu’elle ait pensé nécessaire de passer par des objets pour me le montrer. L’amour d’une mère ont le ressent quoi qu’il arrive, pas besoin de preuves matérielles ou alors avec parcimonie.

Depuis quelques années, les rôles se sont inversés. Désormais, c’est à moi d’offrir une éducation à ma maman, celle de la consommation responsable. Je lui partage toutes mes découvertes, lui apprends à faire son thé glacé plutôt que d’acheter du soda, à emporté un mug et des couverts pour éviter le jetable, à offrir des attentions plutôt que des cadeaux encombrants, à faire le tri chez elle et surtout à se poser les bonnes questions quand elle est sur le point d’acheter quelque chose : en ai-je vraiment besoin ? n’ai-je pas déjà quelque chose d’équivalent à la maison ? Au début, elle était réticente, mais elle y prend goût et m’écrit dès qu’elle fait un nouveau geste responsable et je suis très fière d’elle.

Tout ça pour vous dire que n’ayez crainte, vos enfants ne manqueront jamais de rien tant qu’ils ont l’amour de leur maman. La consommation n’est pas une source de bonheur, mais le partage au travers de l’apprentissage de belles valeurs en est une. En étant sur ce groupe, vous exprimez la volonté d’apprendre à vivre plus en harmonie avec vos valeurs, à respecter le monde dans lequel vous et vos enfants vivez, à respecter l’environnement, mais aussi votre corps et celui de vos enfants en lui donnant de bonnes choses.Transmettre ce savoir au travers des actes est le plus beau cadeau que vous ferez à vos enfants. C’est quelque chose qu’ils garderont toujours avec eux. Alors que le paquet de gâteaux et les gadgets ne passeront peut-être pas la semaine.« 

 

Merci Kathy pour ce témoignage qui pose la question du lien entre l’amour et les cadeaux… Comment montrer à son entourage / ses enfants qu’on les aime ? Questions qui sont bonnes à se poser qu’on soit dans une démarche écologique et écoresponsable ou non !

Entrer en résistance est un témoignage d’amour

Pour les achats sans résonance affective

Car c’est facile en quelques sortes de faire ses produits ménagers, passer aux achats en vrac, opter pour du shampoing solide… bref de changer les habitudes de consommation pour les courses de tous les jours car ce sont des changements qui ont peu d’enjeux affectifs.

Et je dis ça sans dénigrer tous les petits pas, bien au contraire… Je suis persuadée que l’exemple que l’on montre par l’accumulation de ces petits gestes est essentiel pour donner envie à d’autres de s’y mettre.

Néanmoins, c’est une forme de « coming out » qui demande du courage…

…quand il y a un enjeu d’interaction sociale

Par exemple, les moments des anniversaires des enfants sont une période compliquée… déjà parce que cela entraîne de la jalousie chez les 2 autres qui ne fêtent pas leur anniversaire… Mais aussi parce que même si on essaye de limiter le nombre de cadeaux dans la famille, on ne maîtrise pas bien ceux offerts par les copains…

  • Pas simple d’entrer dans une forme de résistance qui touche nos interactions sociales et encore plus celles des enfants entre eux !
  • Pas évident d’affirmer ses valeurs haut et fort… Par exemple en notant sur le carton d’invitation d’anniversaire : « nous sommes dans une démarche de zéro déchet et décroissance et nous souhaitons qu’il n’y ait pas de cadeau pour X à son anniversaire »… Je ne l’ai jamais fait.
  • De même ce n’est pas toujours facile d’offrir des cadeaux achetés d’occasion… par peur du regard de l’autre, du jugement qu’il peut porter sur un cadeau qui a déjà vécu… (même si cela ne se voit pas…) J’ai souvent la petite voix qui souffle : « Est ce qu’on va nous comprendre ? Est ce qu’on va passer pour des radins ? »

Là pour le coup, j’ose et mes enfants en sont très contents. La dernière fois, ma 2e a pu jouer avec les playmobils destinés à sa copine (une île avec un bateau). Il manquait l’eau. Du coup on a pris du carton, de la peinture et on a créé un étang pour les canards / cygnes et le bateau ! Elle était hyper fière du cadeau qu’elle offrait.

Bref, quand on m’interroge sur « et c’est quoi la suite ? » Une fois qu’on est déjà dans cette démarche, (vrac, réseaux d’occasion, méthode BISOU avant les achats etc), comment aller plus loin ?

Pour moi aller plus loin c’est entrer encore plus en résistance contre la société du toujours plus et du tout tout de suite.

Et je trouve que là où c’est particulièrement dur de résister, c’est quand notre corde sensible est activée… Néanmoins, en expliquant nos choix, on leur donne un cadre sécurisant dans lequel grandir… C’est une autre forme de témoignage d’amour à leur adresser…

Alors je vous invite à garder en tête 3 choses :

  • Le manque cultive le désir et l’entretient. Quelle joie alors quand on a cet objet ! (Enfants, adultes c’est pareil !!) Ça explique pourquoi les achats compulsifs sont aussi « vides » par la suite… On a envie, on a achète, on « jette »…
  • Expliquer ses choix pour ne pas associer manque à privation. 
  • Ne culpabilisez pas si vous aimez gâter beaucoup vos enfants… On fait tous du mieux qu’on peut pour les rendre heureux et leur montrer notre amour ! Interrogez-vous sur l’origine de ce besoin de gâter à tout prix… En le décodant et en y répondant de façon différente peut être pourrez-vous utiliser aussi d’autres canaux pour montrer à votre entourage votre amour. (Je vous renvoie aux 5 langages de l’amour). Vous ferez certainement des économies à la longue 😉

En guise de mot de la fin, je vous renvoie à un article d’Aleteia sur 11 façons de montrer à nos enfants qu’on les aime. 

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